Analyse au vol : Trafic aérien
Trafic aérien : des chiffres 2023 qui donnent de l’espoir
Les chiffres 2023 du trafic aérien dans le monde, compilés et analysés par les équipes d’ID Aero, ont de quoi donner de l’espoir, y compris pour une raison paradoxale.
De l’espoir parce qu’ils confirment que l’heure est bien à la reprise.
Le transport aérien tourne (définitivement ?) le dos aux années Covid.
Ce rebond assez fort ne suffit toutefois pas à retrouver les niveaux et les tendances d’avant crise sanitaire.
Alors que depuis cent ans et le développement du transport aérien, et surtout depuis les années 50, après la Seconde Guerre mondiale et la démocratisation de ce mode de déplacement, les crises, même les plus graves (guerres, tensions sur les prix de l’énergie, attentats comme ceux du 11 septembre – qui avait en outre utilisé des avions comme vecteurs de frappe -, événements comme l’éruption volcanique du Eyjafjallajökull islandais en 2010…) avaient fini par être absorbées et l’évolution du trafic avait retrouvé sa tendance de très long terme, courbe de progression (de l’ordre de 5%) qui, comme celles des activités liées à la consommation, a forcément tendance au fil des ans à se tasser.
Cette fois, ce n’est pas encore le cas et la prudence qui est dans l’ADN d’ID Aero nous amène à nous interroger pour savoir si ce sera encore une fois le cas ou non.
La logique et l’histoire inciteraient à y croire. Mais préjuger de l’avenir en fonction du passé est toujours dangereux, selon le vieil adage du « cygne noir » censé ne pas exister… jusqu’à ce qu’on le découvre.
Il faut aussi rester patient, car la conjoncture actuelle et ses conséquences sur le trafic aérien – on peut penser à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, mais aussi à une croissance particulièrement faible en Chine qui pèse surtout son trafic international – ralentit forcément le retour à un rythme « normal » de croissance du trafic aérien.
Mais, et c’est le paradoxe évoqué plus haut, cela incite à l’optimisme, car cela laisse du potentiel de progression pour les prochaines années dès lors que ces situations évoluent positivement. Et pour l’instant, les débats sur l’impact environnemental du transport aérien n’ont pas abouti à des décisions, publiques ou privées, qui pourraient limiter le recours à l’avion tant par les entreprises que par les particuliers en raison du « flygskam, » la fameuse « honte » de voler venue des « écolos » d’Europe du nord.
Il faudra suivre de près la tendance dans les prochains mois et prochaines années. S’il n’y avait pas de retour à l’historique de la courbe, ce serait une révolution.
Mais il est encore beaucoup trop tôt pour l’envisager.
Pierre ORLAN
ID_Tableau_de_Bord_trafic_aerien_2024_02_be90c2f7cd.pdf