Aviation de ligne : résultats préliminaires octobre
La dynamique de la reprise des livraisons en difficulté : Boeing plombe toujours la reprise des livraisons et Airbus remonte très lentement
Points clés
Après un point bas en 2020, les livraisons d’avions de ligne ont progressé chaque année, mais l’année 2024 marque un recul dans la dynamique de reprise des livraisons.
Les livraisons 2024 seront inférieures à celles de 2023. Et la question est alors : les livraisons 2024 d’Airbus + Boeing seront-elles supérieures à celles de l’année 2022 ?
L’industrie aéronautique mondiale est dans une phase rare d'excès de la demande par rapport à l'offre. Normalement, cette situation ne dure pas, mais les problèmes de Boeing dont on ne voit pas la fin introduisent un manque de visibilité et risquent de prolonger cette mini crise. De combien : 1 an, 2 ans, voire plus ?
Et même Airbus n’arrive pas à remonter franchement.
En raison de ses multiples problèmes, Boeing plombe la reprise avec plus d’une centaine d’avions en moins par rapport à 2023 ( −103 avions livrés en janvier-octobre 2024 vs janvier-octobre 2023). Et après la fin de la grève de 53 jours , il faudra du temps à l’avionneur
- D’abord pour revenir à « la normale » de 2023,
- Et ensuite pour revenir au plus haut de 2018
Airbus ne dépasse pas le niveau 2023 ( même nombre d’avions livrés en janvier-octobre 2024 vs janvier-octobre 2023). Il reste 211 avions à livrer pour atteindre en deux mois l’objectif annuel de 770 avions. En gros, il faudrait réaliser deux mois exceptionnels style celui de décembre 2023 (112 avions livrés). Le défi apparaît difficile.
L'augmentation des autres avionneurs ( +23 appareils à réaction livrés, −6 avions à turbopropulseurs) provient essentiellement de Comac (Chine).
Les problèmes de remontée en cadence perdurent :
- La pénurie de main-d'œuvre et de compétences héritée de la période Covid-19,
- La pénurie de matières premières accentuée par la guerre entre la Russie et l'Ukraine,
- La désorganisation chez Boeing,
- Les difficultés de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement (pièces forgées, sièges, moteurs...).
Le 24 juin dernier, Airbus a revu à la baisse sa prévision de livraisons 2024 de 800 à 770 avions.
Face à ces difficultés de l’Offre, la Demande en avions nouveaux demeure très forte :
- Au 3ème trimestre 2024, le trafic aérien dépasse de 5% le niveau du 3ème trimestre 2019,
- Le carnet de commandes d’Airbus + Boeing s’élève à 14 946 avions, soit l’équivalent de près de 9 ans de livraisons en équivalent cadences maxi passées (863 avions pour Airbus en 2019 et 806 pour Boeing en 2018).
Rappel : la référence pour les livraisons est l'année 2018. La baisse des livraisons a démarré en 2019, plus précisément à partir de mars-avril 2019, avant l'épidémie Covid, avec l'immobilisation du Boeing 737 MAX.
La baisse s'est poursuivie et aggravée fortement en 2020, en raison du plongeon du trafic aérien, de la poursuite des problèmes du B737 MAX, des difficultés de trésorerie des clients qui souhaitaient des reports de livraison et de la fermeture partielle des usines liée au confinement.
Résultats préliminaires octobre 2024
Livraisons (ensemble des avionneurs)
En octobre 2024, comparé à octobre 2023 et en nombre d'avions livrés :
- Baisse globale (−34 appareils)
- Baisse des Fuselages Étroits (−14)
- Baisse des Fuselages Larges (−17)
- Baisse des Régionaux.(−3)
- Baisse d'Airbus (−9)
- Baisse de Boeing (−23)
- Stabilité d'Embraer (=)
- Baisse de Comac (−1)
- Baisse d'ATR (−2)
Tous les segments et avionneurs baissent, à l’exception d’Embraer stable et de Sukhoi.
Résultats préliminaires janvier-octobre 2024
Livraisons (ensemble des avionneurs)
En cumul annuel (YTD: Year To Date), comparé à la même période de l'année précédente et en nombre d'avions livrés :
- Baisse globale (−86 appareils)
- Baisse des Fuselages Étroits (−55)
- Baisse des Fuselages Larges (−40)
- Hausse des Régionaux.(+9)
- Stabilité d'Airbus (=)
- Progression de Cornac (+20)
- Plongeon de Boeing (−103)
- Légère progression d'Embraer (+3)
- Baisse d'ATR (-6) et stabilité de Sukhoi (=)
Livraisons (AIRBUS + BOEING)
En cumul annuel (YTD : Year To Date)
Airbus domine Boeing dans les Fuselages Étroits (497 vs 237)
Airbus et Boeing sont à quasi-égalité dans les Fuselages Larges (62 vs 65)
À fin octobre, le niveau 2024 se situe nettement en-dessous du niveau 2023.
Airbus, avec 559 appareils livrés, devance largement Boeing (302).
Comparativement à 2023, Airbus est stable (=) alors que Boeing plonge (−103 avions).
Airbus et Boeing sont encore loin de leurs pics précédents, l’année 2019 pour Airbus et l’année 2018 pour Boeing.
Data et graphes janvier-septembre 2024
L’ensemble des data et graphes janvier-septembre de l’année 2024 est disponible ci-dessous dans le fichier PDF téléchargeable.
ID_Aviation_civile_conjoncture_trimestrielle_2024_09_0a3613b692.pdf
Graphes octobre 2024 préliminaires
L’ensemble des graphes d'octobre 2024 est disponible ci-dessous dans le fichier PDF téléchargeable.
Lettre_TBM_data_aviation_civile_2a8b15abc1.pdf
Définitions
Commandes brutes : commandes fermes figurant dans les récapitulatifs des avionneurs (Airbus et Boeing)
Commandes nettes : commandes brutes – annulations
Carnet de commandes : nombre d’avions qui restent à livrer en fin de période. Le carnet de commandes est égal à la différence entre les commandes cumulées – les livraisons cumulées. Les commandes cumulées s’entendent déduction des annulations.
Sources
Avionneurs (Airbus, Boeing, Embraer …)
https://www.airbus.com/en/products-services/commercial-aircraft/market/orders-and-deliveries
https://www.boeing.com/commercial/#/orders-deliveries
Nota
Hors Airbus et Boeing, les autres avionneurs ne communiquent pas mensuellement leurs résultats.
Embraer publie trimestriellement les commandes et livraisons des avions de ligne.
Les autres avionneurs (ATR, Chine, Russie) communiquent ponctuellement. Ils ne publient pas de récapitulatifs, et les annonces mêlent commandes fermes, lettres d'intention, protocoles d'accord, marques d'intérêts...en oubliant les annulations.